La Fédération CGT des services publics dépose un préavis de grève pour les journées du 1er au 31 mars 2024
Montreuil, le 22 février 2024,
Mme Catherine VAUTRIN, Ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités
M. Stanislas GUERINI, Ministre de la Transformation et de la Fonction publiques
N/Réf. : NP/SV/CLN
N°014_20240222
Objet : Préavis de grève pour les journées du 1er au 31 mars 2024 couvrant l’ensemble des salarié·es et agent·es des villes, départements, régions, établissements publics, métropoles, offices de l’habitat, services et entreprises de l’eau et de la thanatologie
Madame la Ministre,
Monsieur le Ministre,
Nos récents échanges ont malheureusement confirmé votre volonté affichée d’affaiblir la place des services publics et des missions des 5,5 millions d’agent·es public.ques, de fonctionnaires et contractuel·les, dont 1,9 million pour le versant territorial, et les retraité·es de ce secteur.
Loin d’annoncer les milliers de créations d’emplois indispensables pour l’accomplissement des missions publiques et l’amélioration des conditions de travail, ou d’annoncer une augmentation générale des salaires et en particulier une forte revalorisation du point d’indice de rémunération, ou de proposer un plan de résorption de la précarité, qui sont pourtant des leviers forts pour augmenter l’attractivité de la Fonction publique, vous nous avez confirmé le dépôt d’un projet de loi « Fonction publique » pour le second semestre 2024, avec en perspective l’accentuation de la rémunération « au mérite ». Ceci produira de multiples régressions, à commencer par l’aggravation des inégalités entre les femmes et les hommes. Ajouté à la déclaration provocatrice et patriarcale du Président de la République sur le « réarmement démographique », nous avons toutes les raisons de faire de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, un temps fort.
Aussi, nous appelons les salarié·es et agent·es territoriaux·ales à se mobiliser, pour que les questions d’égalité femmes-hommes dans la société et au travail soient une priorité, tant dans le secteur public que dans le privé, considérant que la lutte collective contre les inégalités, les stéréotypes sexistes et les discriminations subies par les femmes sont l’affaire de toute la CGT.
Ce nouveau projet de loi portera entre autres la suppression de la gestion collective des carrières, l’individualisation de nos droits, la démolition du caractère unitaire du point d’indice. De cette nouvelle loi, nous n’en voulons pas ! Au moment où l’on célèbre les 40 ans du statut, nous demandons l’abrogation de toutes les dispositions prises depuis cette date qui n’ont cessé de le détricoter jusqu’à en détruire les fondements.
Comment ne pas voir que le gouvernement continue à accentuer le délitement des services publics de proximité et à conforter la perte d’attractivité des collectivités territoriales et de toute la Fonction publique ?
Pour les fonctionnaires et agent·es public·ques, l’urgence c’est les salaires. Nous insistons et persistons : 2024 ne peut pas être une année blanche pour les rémunérations des fonctionnaires et agent.es public·ques, confronté·es à la stagnation de leur rémunération depuis de nombreuses années et à la réalité des pertes du pouvoir d’achat face à la persistance de l’inflation.
La fédération CGT des Services publics porte la seule réponse nécessaire pour y remédier : l’augmentation immédiate de 10 % du point d’indice compte tenu du rattrapage de la perte du pouvoir d’achat cumulée depuis les vingt dernières années et son augmentation à six euros (6 €) pour compenser l’inflation. Ces revendications sont le fer de lance de la grande journée nationale et intersyndicale de grève du 19 mars.
Pour que la Fonction publique redevienne attractive, en plus des mesures de revalorisation générale des salaires, il est nécessaire d’engager des négociations sur la refonte des grilles salariales, indispensables pour une reconnaissance juste des qualifications et de l’expérience, une revalorisation des métiers à prédominance féminine, un déroulé de carrière respectueux de notre statut avec à chaque échelon un gain conséquent de rémunération.
La question des rémunérations est intimement liée à la question des retraites. Le premier semestre 2023 a connu le plus grand mouvement de protestation jamais vu en France depuis des décennies.
Des centaines de milliers d’agent·es public·ques, des collectivités territoriales et du secteur privé de l’eau, du logement social et de la thanatologie, se sont mobilisé·es et ont fait grève plusieurs jours, refusant comme la plus grande majorité des travailleurs et travailleuses, le recul à 64 ans de l’âge de la retraite. La colère contre la réforme des retraites est intacte.
Afin de remettre à niveau les pensions de retraite par rapport au 1er janvier 2017, c’est une revalorisation de 10 % qui est nécessaire immédiatement. Et ce ne sera qu’un acompte sur la revalorisation de 300 € mensuels que nous revendiquons avec la perspective de porter les pensions, pour une carrière complète, au niveau du SMIC revendiqué par la CGT, soit 2 000 € brut, que nous porterons à l’occasion de la journée de mobilisations des retraité·es du 26 mars.
La fédération CGT des Services publics soutient toutes les initiatives mises en œuvre par les fonctionnaires territoriaux·ales, agent·es public·ques, salarié·es du secteur privé de l’eau, du logement social et de la thanatologie pour gagner sur leurs revendications locales et nationales.
La fédération CGT des Services publics reste déterminée pour porter avec les agent·es et salarié·es du champ fédéral leurs revendications et s’inscrit dans tous les appels à grève, mobilisations, manifestations.
Monsieur le Ministre de la Transformation et de la Fonction Publiques, non seulement nous ne tournons pas la page, mais nous restons déterminés à lutter pour la justice sociale. La mobilisation et l’engagement contre toutes les réformes et tous les projets de réformes injustes, infondées et inefficaces sont à l’ordre du jour.
La fédération CGT des Services publics appelle l’ensemble des fonctionnaires, agent·es public·ques et salarié·es de son champ privé à se mobiliser pour :
- L’augmentation générale des salaires ;
- L’augmentation immédiate de 10 % du point d’indice de rémunération des fonctionnaires et son augmentation à six euros (6 €) en 2024 ;
- La revalorisation immédiate de 10 % des pensions et un niveau de pension (taux de remplacement) d’au moins 75 % du revenu d’activité pour une carrière complète ;
- L’abrogation de la loi portant réforme des retraites ;
- L’égalité salariale femmes-hommes, mesure essentielle pour lutter contre l’inflation, et financer les retraites ;
- L’abrogation de la loi de transformation de la Fonction publique ;
- Dans le cadre de la campagne revendicative « 10 % pour la Fonction publique » : 10 % de temps de travail en moins, 10 % d’effectif en plus, 10 % de temps de formation ;
- Le maintien, l’amélioration, le renforcement de l’ensemble de nos services publics et contre toutes les mesures les remettant en cause (privatisations, délégations de service public...).
C’est pour toutes ces raisons, que la fédération CGT des Services publics prend une fois de plus ses responsabilités en déposant un préavis de grève pour les 1er mars 2024, 2 mars 2024, 3 mars 2024, 4 mars 2024, 5 mars 2024, 6 mars 2024, 7 mars 2024, 8 mars 2024, 9 mars 2024, 10 mars 2024, 11 mars 2024, 12 mars 2024, 13 mars 2024, 14 mars 2024, 15 mars 2024, 16 mars 2024, 17 mars 2024, 18 mars 2024, 19 mars 2024, 20 mars 2024, 21 mars 2024, 22 mars 2024, 23 mars 2024, 24 mars 2024, 25 mars 2024, 26 mars 2024, 27 mars 2024, 28 mars 2024, 29 mars 2024, 30 mars 2024, 31 mars 2024 de 0 h à 24 h pour l’ensemble des agent·es de la Fonction publique territoriale et pour les salarié·es relevant de la partie privée de son champ fédéral (entreprises de l’eau et de l’assainissement, thanatologie, secteur privé du logement social).
Notre organisation est disponible pour toute négociation sur les revendications des personnels.
Dans cette attente, nous vous adressons, Madame la Ministre, Monsieur le Ministre, nos sincères
salutations.
Pour la fédération CGT des Services publics,
Natacha POMMET
Secrétaire générale
Retrouver le préavis de grève en PDF
Fonction Publique : Urgence salaires !
La hausse des prix atteint 4,9% sur 2023. Sous l’effet de l’inflation, nos salaires reculent, et remplir le réfrigérateur, payer ses factures ou partir en vacances devient de plus en plus difficile. Pire, 8 millions de personnes, soit un quart des travailleurs et des travailleuses, sont aujourd’hui précaires. Macron et Attal nous parlent de rémunérations et de carrières au mérite, c’est-à-dire à la tête du client. Il veulent individualiser, diviser, différencier pour mieux privatiser. Les profiteurs du CAC 40 s’enrichissent et l’immense majorité de la population n’en peut plus.
Ça ne peut plus durer !
Plutôt que d’augmenter nos salaires, le gouvernement ne nous concède que des primes non cotisées, exceptionnelles au bon vouloir des employeurs, comme la prime « Pouvoir d’achat ».
Ces derniers mois, on nous accordé de très légères augmentations du point d’indice, qui détermine les rémunérations des 5,6 millions agents publics, fixé aujourd’hui à 4,92 €. Mais ces augmentations n’ont servi qu’à « courir » après le SMIC qui, lui, bénéficie d’une revalorisation automatique liée à l’inflation, contrairement au point d’indice. Depuis plus de 20 ans, notre pouvoir d’achat n’a fait que baisser, comme le montre la courbe ci-dessous. Si le point d’indice avait suivi l’inflation depuis 2000, il ne serait pas à 4,92 €, mais à 6,36 € !
Une grille rabougrie
Où en est-on en ce début d’année ? Cinq points d’indice ont été accordés au le 1er janvier à tout.es les agent.es, ce qui correspond royalement à moins de 25€... En fait, il s’agissait d’éviter encore une fois que le SMC dépasse le bas de la grille, puisque ce dernier a augmenté de 1,13% à la même date. Et comme on n’a pas touché à la valeur du point, la grille continue à « se tasser », comme on le voit sur la grille du premier grade. Les huit premiers échelons de la grille sont à un seul point d’indice de décalage. La conséquence est simple : en 12 ans de carrière, on gagne 34,46€. Et en 19 ans, si on arrive au bout du grade, on aura gagné à peine plus de 100 €...
Et cet effet de tassement se répercute sur toute la grille. Le deuxième grade de la catégorie C démarre à un seul point d’indice au-dessus du premier, soit 4,92 €, et la catégorie B à six points au-dessus, soit moins de 30 € !
Salaire au mérite, c’est du pipeau !
Le président de la République, dans sa conférence de presse, a annoncé l’instauration d’une « rémunération au mérite » induisant la carrière au mérite pour les fonctionnaires. La bonne blague ! Cela fait des décennies que les primes « à la tête du client » ont été généralisées dans nos collectivités. Sans que cela ne règle rien, ni en matière de reconnaissance, ni en matière de motivation.
Le point d’indice à 6€ parce que nous le méritons !
Pour rattraper la perte de pouvoir d’achat que nous avons subie, il est urgent que le point d’indice soit porté à 6 €. Cette mesure de justice profiterait à tous les agent.es public.ques, fonctionnaires et non-titulaires. Et cet argent serait réinjecté dans l’économie du pays, tandis que le surplus de cotisations généré réalimenterait les régimes de sécurité sociale et de retraite.
Une grille revalorisée
Pour permettre un vrai déroulement de carrière et reconnaître les qualifications, il faut « redonner de l’air » à la grille de la Fonction publique.
Ces mesures sont à même de redonner une dynamique à nos carrières, aujourd’hui à l’étroit dans une grille étriquée.
Partout, réunissons nous en heures d’info syndicale, en assemblées générales pour discuter et décider !
Les luttes locales sont très nombreuses pour exiger la prime pouvoir d’achat, pour des revalorisations du régime indemnitaire, pour des NAO conséquentes.
Les agent-es et salarié-es s’organisent pour garantir leurs conditions d’existence.
Pour défendre notre statut, pour des classifications à la hauteur, pour un point d’indice à 6 euros et son indexation sur l’inflation, les décideurs sont au gouvernement ! En ce qui les concerne, les agriculteurs (nous parlons de ceux qui cherchent à vivre de leur travail, pas des grands patrons et industriels de l’agroalimentaire) ont voulu monter à Paris et bloquer le pays pour se faire entendre.
Existe-t-il une autre solution ?! Les propositions qui figurent dans ce tract ne sont pas à prendre ou à laisser. Elles sont réalistes économiquement et socialement nécessaires. Nous les porterons à Macron et Attal (en attendant la nomination d’un ministre de la Fonction publique) le 19 mars.
Un préavis de grève national court sur tout le mois de février et sera renouvelé en mars.
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